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Accueil du village
Geniemo, maître des masques Par Monique Théron Navatel
ind21.jpg (60125 octets) ind9.jpg (73137 octets)La maison de Geniemo

Géniémo est un personnage marquant de la communauté villageoise d’Indélou. Son nom signifie « Prions » en dogono, le dialecte dogon parlé à Indélou. Chef et maître des masques, il est également astronome et astrologue. Une soirée passée en sa compagnie sur les escarpements de la falaise est riche d’échanges et d’enseignement.

Il vint me voir au campement, répondant à l’invitation de Nouh, et à notre souhait de rencontre. Imposant dans son ample boubou, il se joignit à nous curieux de notre propre curiosité, de l’intérêt porté à la culture de son peuple. La lampe à pétrole a été accrochée à l’un des montants du Togun-nau. Installés face à la plaine (séno) plongée dans la nuit où clignotent par intermittence quelques lumières vite effacées, sous l’impressionnant ciel africain et son tapis d’étoiles nous avons vécu des instants magiques. Dans l’ombre quelques hommes du village nous ont rejoint, silencieux. Gégniémo raconta, Nouh traduisit. Dialogue convivial d’où parviennent ces quelques fragments.

Géniemo parla de sa fonction de maître des masques, des ses responsabilités dans la société des masques, de ce qu’il pouvait en dire sans transgression. A une question sur les raisons de l’exclusion des femmes de la société des masques il rit, et dit que ce sont les femmes qui ont trouvé les masques, mais les hommes ayant peur de leur pouvoir, car jusque là les femmes commandaient aux hommes, ceux-ci ont volé les masques et les ont interdits aux femmes, sauf à celle qui naît le premier jour du Sigui. Elle est appelée sœur des masques.

Je sollicite son avis sur les nombreux travaux scientifiques qui, depuis Marcel Griaule jusqu’aux plus récentes publications, ont fait connaître la culture dogon à travers la planète. Ces travaux lui paraissent-ils plutôt concourir à la préservation de sa culture, ou, au contraire juge-t-il que la diffusion, la vulgarisation de ces ouvrages sont-ils un risque, celui de dénaturer, folkloriser, touristifier la tradition. La réponse fusa, magnifique « Que les hommes de science écrivent sur leurs papiers ; Nous n’avons pas de papier, mais la tradition est dans notre tête et dans notre cœur ».

Gégniemo nous quitta en promettant de revenir le lendemain  « pour parler encore ensemble ».

Le lendemain la conversation roula sur l’étude du ciel, dont Géniemo a un savoir troublant, et sur les étoiles, dont la présence magnétique emplissait nos nuits dogon de beauté. « Les étoiles sont mes chemins, disait Géniemo, jamais elles ne m’ont trompé. Quand dans la nuit je marche pour aller arroser un jardin loin d’ici, je n’ai pas besoin de lampe. Je regarde le ciel et je sais où je vais ». Cet entretien me ramena aux mythes de la création du monde dogon, dans la querelle du ciel et de la terre, où les étoiles ont un rôle à jouer. « En ce temps là, les femmes prenaient les étoiles pour les donner aux enfants, les astres brillaient et jetaient des rayons. Lorsque les enfants étaient fatigués de ces jouets, les mères les remettaient à leur place » (Marcel Griaule).

Ce soir là nous nous sommes contentés des les observer, en partageant la bière de mil.

 

Monique Théron Navatel ; Août 2002;

 

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